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Stimmen - RGP
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Halo feat. John Greaves & Anis Faris - RGP
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Warai (rires) - RGP
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So far And Pale feat. Jennifer Charles - RGP/JC
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Quavers feat. Knox Chandler - RGP
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Tampura - RGP
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Gestalt feat. Noël Akchoté - RGP
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Voices in a Room

Digital release / spotify etc

2015

 

Cet atelier parisien où dit-on, Picasso a travaillé, accueille la collection d’un styliste britannique, que des visiteurs internationaux viennent découvrir, dans une atmosphère teintée d’un piano ambient et incidenciel.

 

incidental piano performance recorded in Paris as part of a fashion presentation, surrounded by a murmuring crowd.

Renaud Gabriel Pion (piano, treatments, tenori-on) with the guests Jennifer Charles (courtesy of Elysian Fields), John Greaves (reading Dylan Thomas), Anis Faris ('oud), Knox Chandler & Noël Akchoté (electric guitar)


Music: Renaud Gabriel Pion © 2015 except So Far And Pale (Lyrics Jennifer Charles / Music RGP)
Photos & artwork © RGP 2015

dédicace à gérard rondeau, photographe (1953-2016). portrait par RGP, paris 2015

Gérard Rondeau, 2015, portrait par RGP

There is a crack in everything that's how the light gets in

(Leonard Cohen)

 

Alors tu as choisi d’écouter Voices in a room.
Tu te décides à pousser la porte d’une chambre vide, aux volets clos, aux murs déserts. Tu avances sans but précis, sans attentes particulières.
La voix d’un piano seul perce d’abord l’obscurité. Une silhouette penchée sur le clavier, des notes claires, un rythme lent. L’ambiance est feutrée, intime, recueillie. Tu t’assois dans un coin, un peu mélancolique. Tu penses que celui qui improvise au piano marche, comme toi, au hasard. Mais le terrain est balisé, l’inconscient guide vos pas, droit devant. Il sait toujours d’où il vient, moins souvent où il va.
Dans un rond de lumière, au fond d’un fauteuil usé, un homme murmure à ton oreille les mots d’un autre. Sa voix est grave, son récit posé. Tu l’écoutes sans le reconnaître tout à fait, voyageur immobile perdu sur un océan de silence, naufragé volontaire scrutant l’horizon à la recherche d’un monde perdu. Tu te laisses emporter dans le flot de sa parole, refaisant les chemins qui te portaient au loin, au cœur de la tempête, au fond de l’inconnu. Plus loin, une jeune femme, remontant ses cheveux, dévoile sa peau nacrée. La voix presqu’hésitante lance un air langoureux dans la nuit qui s’avance. Si le ciel et la terre sont noirs comme de l’encre, son cœur que tu connais est rempli de rayons. Plus loin encore, un ‘oud. Ailleurs, une guitare. Un vent frais fait danser les voilages aux fenêtres, fantômes familiers surgissant du passé, compagnons de retour des pays oubliés. Et toujours le piano.
Mais quelque chose ne va pas. Quelque chose que tu n’attendais pas. Pas là. Tu n’es pas seul. Il y a des parasites entre les notes du piano. Des pas, d’autres voix, des talons qui claquent sur le parquet, un rire qui se glisse dans la mélodie. Tu baisses le son, jettes un œil par-dessus ton épaule, tends l’oreille à travers la fenêtre ouverte. Il faut te rendre à l’évidence : importunes ou complices, ces voix font partie du décor.
La musique t’accompagne au pied de tes pics, au seuil de tes gouffres et offre à tes oreilles des reliefs ignorés où tes désirs s’accordent. Si grand à la clarté des lampes, aux yeux du souvenir que ton monde est petit. Si petit qu’il tiendrait tout entier dans une seule pièce fut-elle musicale. Ce qui demeure invisible, n’est que souvenirs lointains, espoirs déçus, plaisirs inconnus, regrets souriants, promesses imprécises. La musique te poursuit dans tes moindres recoins. Elle éclaire tes ombres, accroche tes photos jaunies aux murs, te laisse des messages sur les vitres embuées, réfléchit des visages dans tes miroirs piqués.
Tout est affaire de décor. C’est toujours une question de place. Celle du pianiste, celle des voix, la tienne. Tous dans la même chambre close, qu’il convient de partager ou d’occuper. Tu n’es plus seul, un autre monde s’écoule sans fin entre ces quatre murs.
Et puis la même mélodie revient, les mêmes notes. Tu n’iras pas plus loin. C’est le bout du chemin. Il est temps de quitter la pénombre qui t’enferme et te protège à la fois.
Chaque mur a sa lézarde, c’est par là que la lumière se glisse jusqu’à toi.
Voices in a room peut t’aider à trouver ta faille.

Olivier pion

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